Découverte d’un outil d’inculturation pour les missionnaires en Chine
Un peu d’histoire de ces albums Miao :
Les empereurs mandchous avaient, sans doute en raison de leur propre origine « barbare », une certaine curiosité pour la vie des peuples « non Han » de leur Empire.
Témoins de cette fascination, les multiples peintures sur les rouleaux de soie représentant les Miao ou Miao Man du Guizhou. Les peuples y sont représentés dans leurs activités quotidiennes (chasse, travaux agricoles …) avec de courtes notices géographiques ou ethniques.
On trouve ces rouleaux dans les musées en Chine – au Gugon à Pékin, au Musée National de Taipei, à Taïwan – mais aussi en Europe au Musée Guimet à Paris, au British Museum à Londres et la plus grande collection au musée de Leipzig.
L’exemplaire que possède la bibliothèque diocésaine de Bordeaux est un don de Monseigneur Faurie, Vicaire apostolique du Kouy-Tchéou (Chine) (1824-1871). La bibliothèque vous présente cette figure missionnaire.
Voici en bref quelques repères chronologiques concernant les différentes époques de la Chine et l’arrivée des missionnaires catholiques.
Les missions en Chine sont étroitement liées aux Missions Étrangères de Paris, pour mieux les connaître, cliquez ici.
Jeudi 7 mars 2013, près d’une trentaine de participants attentifs a répondu à l’invitation de la bibliothèque diocésaine pour une rencontre à l’accent « chinois » autour d’un album Miao récemment restauré.
Après la découverte de l’album, présenté par Mme Depaz, responsable de la Bibliothèque Diocésaine de Bordeaux, les participants ont apprécié les interventions de Chloé, étudiante chinoise, et du père Didier Monget, prêtre accompagnateur des « Muong » de Bordeaux.
Note accompagnant cet album (de Monsieur Paul Perny. Missionnaire au Kouy-Tchéou)
Il y a dans les provinces occidentales de Chine des peuplades peut-être plus anciennes que les chinois. Les livres sacrés de la Chine en parlent et font voir qu’un antagonisme a toujours régné entre ces peuples aborigènes et les chinois. Aucune fusion n’a donc été faite entr’eux. Les chinois leur ont donné un nom générique, Miaô tsè, c’est-à-dire hommes sauvages, rustiques. C’est, au fond, le barbarus que les Latins donnaient aux peuples étrangers. Il y a dans les provinces occidentales de Chine des peuplades peut-être plus anciennes que les chinois. Les livres sacrés de la Chine en parlent et font voir qu’un antagonisme a toujours régné entre ces peuples aborigènes et les chinois. Aucune fusion n’a donc été faite entre eux. Les chinois leur ont donné un nom générique, Miaô Tsè, c’est-à-dire hommes sauvages, rustiques. C’est, au fond, le barbarus que les Latins donnaient aux peuples étrangers.
Ces Miaô Tsè habitent surtout le Youn-Nan, le Kouy-Tchéou et les frontières du Thibet-Su-Tchuen. Ils se divisent en 82 tribus ou familles distinctes, ayant chacune leur chef à part. Ceux-ci sont des espèces de Reguli, nommés en Chine Tou Sè. Quelques-unes de ces tribus sont fort peu nombreuses en population. Il entre dans les plans de la politique chinoise d’éteindre par un système persévérant d’oppression, ces peuples aborigènes. La plus grande partie de ces tribus, retranchées et fortifiées dans les montagnes ne reconnaissent pas le gouvernement chinois et vivent indépendantes : trois ou quatre seulement font un peu de commerce avec les Chinois qui professent pour eux un tel mépris qu’on ne pourrait recevoir convenablement ces Miaô Tsè convertis dans les oratoires chinois.
La langue, les mœurs, les coutumes de ces 82 tribus ne seront connues que lorsqu’on pourra pénétrer au milieu d’eux : on n’a sur eux que des données générales. […]
Chacune des 82 peintures ci-jointes représente une scène de mœurs. Les figures ne sont pas ressemblantes. Les chinois font ces peintures pour donner une idée du costume de ces tribus. Les caractères chinois, sur papier rouge, ne sont pas l’explication de la légende mais bien le nom de la tribu.
Il est aussi difficile de traduire ces noms de tribus en français qu’il l’est de traduire en chinois le nom de Français, qu’il le serait de traduire les noms de nos rivières en chinois.
Voici pourtant, grâce à cet album, la traduction de quelques-uns dont les noms se tirent ou de leur situation géographique ou d’un trait plus spécial de leurs mœurs.